Transaction Vidéotron – Freedom Mobile, quels sont les impacts pour l’Est-du-Québec

Bonjour à tous,

Après plus de 2 années de tergiversations réglementaires, la transaction impliquant Rogers, Shaw, Vidéotron et Freedom Mobile, s’est finalement conclue le 3 avril dernier. Vidéotron a fait l’acquisition de Freedom Mobile. Explorons quels seront les impacts de cette transaction dans l’Est-du-Québec.

Premièrement, Freedom Mobile, qui est moins connue ici, est le 4e joueur de cellulaire dans l’ouest du pays. Elle est établie en Alberta, en Colombie-Britannique et en Ontario et a démarré dans le cellulaire en même temps que Vidéotron. À l’époque, elle opérait sous le nom de Wind Mobile, une compagnie totalement indépendante qui n’appartenait pas à un câblodistributeur ni à une entreprise de téléphonie. Avec le temps, Shaw l’avait rachetée. Cette dernière est câblodistributeur dans l’ouest, soit l’équivalent de Vidéotron ou Cogeco au Québec. Shaw avait raté l’occasion d’entrer dans le marché du sans-fil et avait finalement acheté Wind Mobile et renommé l’entreprise Freedom Mobile.

Le deuxième joueur dans cette transaction, c’est Rogers, qui est un peu connue dans l’Est-du-Québec. Rogers a du réseau à l’ouest de Rimouski et Baie-Comeau, mais ne fait pas de vente active dans l’Est-du-Québec. Rogers n’a aucun autre réseau sans fil en service dans le reste de l’Est-du-Québec.

Pour Vidéotron, c’est évidemment un câblodistributeur qui est présent dans le secteur de Rivière-du-Loup et dans l’ouest de la Côte-Nord. Pour le réseau sans fil, Vidéotron est présente à l’ouest de Rimouski avec de la vente active, mais elle n’est pas présente à Baie-Comeau, à Sept-Îles ni ailleurs dans l’Est-du-Québec.

Je crois qu’il y aura un impact important dans l’Est-du-Québec avec cette transaction. Évidemment, Freedom Mobile n’a aucun client, aucune fréquence ni aucune d’activité sur ce territoire. L’impact ne viendra pas de l’acquisition de Freedom Mobile directement, mais plutôt de ce qui s’est réglé en même temps.

Pour bien comprendre les choses, rappelons-nous différents éléments. Premièrement, regardons les règles d’opérateurs mobiles virtuels que le gouvernement vient de mettre en place. Vidéotron pourra prochainement, et ce pour les 7 prochaines années, vendre des services mobiles dans l’Est-du-Québec. Celle-ci utilisera les réseaux de Bell et de Telus le temps de bâtir son propre réseau. En résumé, Vidéotron pourra vendre des services mobiles dans l’Est-du-Québec de façon plus proactive, dans un avenir proche.

Dans cette transaction s’est réglée une mésentente entre Rogers et Vidéotron. Les 2 entreprises avaient signé, il y a plusieurs années une entente de construction conjointe de réseaux au Québec. Cette entente battait de l’aile et celles-ci ont réglé leur litige et elles ont maintenant une nouvelle entente de construction commune.

En résumé, Vidéotron devrait vendre des services dans les prochaines années en utilisant le réseau de Bell et de Telus. Au cours des 7 prochaines années, Vidéotron devrait prendre le temps de bâtir son propre réseau et pourra le faire en partenariat avec Rogers qui elle-même pourra vendre des services directement par la suite.

Également, Vidéotron dans le but d’offrir des services groupés dans l’Ouest a fait l’acquisition de l’entreprise VMedia. VMedia se spécialise dans la vente d’internet et de télé en utilisant les réseaux des câblodistributeurs ou des opérateurs téléphoniques standard. Bientôt, Vidéotron pourrait revendre des services internet un peu partout dans l’Est-du-Québec. Celle-ci pourrait par exemple utiliser le réseau de Cogeco ou dans un futur assez rapproché, le réseau de fibres optiques de Telus.

Pour terminer, Vidéotron sera bien placée à la suite de ces changements réglementaires et pourra venir faire de la concurrence dans l’Est-du-Québec beaucoup plus activement. Les perdants seront les joueurs déjà en place, surtout Telus qui possède la plus grande part du marché dans l’Est. Également, Bell qui a aussi des activités dans ce territoire. Cogeco pour sa part a manqué une occasion d’acheter Freedom Mobile, ce qui aurait aidé Cogeco à devenir rapidement un opérateur cellulaire en Ontario. Cela leur aurait permis d’arriver probablement plus rapidement dans le marché de l’Est-du-Québec en utilisant le MVNO. Ils arriveront donc vraisemblablement après Vidéotron dans le marché.

Certainement, cette transaction va changer des choses dans l’Est-du-Québec! Les impacts ne sont pas aussi évidents que dans l’ouest du pays. Cependant, avec tous les changements réglementaires qui s’opèrent au Canada, Vidéotron est mieux placée que jamais pour offrir des services, dans l’Est-du-Québec, dans les années à venir.

Daniel Gignac
Directeur général

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